« […] les mots qui t’servent à parler reflètent l’écho des autres.
T’as pas encore conscience que le langage est ton passeport
Plus tard, faudra qu’tu parles bien ou bien que tu parles fort
Ton horizon d’enfant construit ta personnalité
Tes manières, ton argot t’façonne comme personne n’a idée » Habitus – Rocé
Le projet Slam a vu le jour au mois de Décembre sur l’Appart’ados de Paul Emile Victor. L’équipe éducative a collaboré avec Le Sporting Club de poésie, association créée par deux adeptes de Slam, de sport et de pédagogie. L’objectif principal de leurs interventions est d’offrir un espace de liberté personnel au sein d’une structure collective.
Le Slam est une forme de poésie qui allie écriture, oralité et expression scénique. Dit comme cela, ça a l’air compliqué. Surtout quand tu penses à ces grands monsieur comme Grand Corps Malade ou encore Kery James. Ils font de sacrés textes ! Au final, il suffit de se détendre, de poser un mot sur la feuille et le reste s’écrit tout seul.
En début de séance, il y a une lecture de courtes anthologies sur le thème choisi composées de poèmes anciens et contemporains, textes de chansons et de rap. La lecture est suivie d’une discussion interactive de manière à ce que tout le monde comprenne les textes et puisse s’approprier le thème abordé.
S’ensuit, une écriture personnelle avec l’aide si besoin des intervenants. C’est l’occasion pour les jeunes de s’exprimer librement sur le thème donné. Nous avons travaillé sur deux thèmes : Le Rêve et Les Origines. Ce n’était pas facile du tout ! Mais, il faut le dire, nous avons bien travaillés. Les séances étaient très fortes en émotions et il y a eu beaucoup de partage.
Quand toutes les créations sont terminées, il y a une lecture à voix haute, face au groupe avec des applaudissements à la fin. Les jeunes deviennent tour à tour auteur/orateur de sa création mais aussi spectateur attentif et respectueux de la création des autres slameurs. Compliqué ! Difficile de parler de soi, d’affronter le regard de l’autre, de s’ouvrir et d’accepter que l’autre entre dans ton intimité. C’est un challenge… Au final, le groupe a su le faire ! Toute création individuelle a été accueillie avec beaucoup de bienveillance, d’écoute et de respect. Cela nous a permis de se connaître différemment, d’apprendre de l’autre.
Le Slam a aidé les jeunes à avoir confiance en eux et à se démarquer du groupe de manière positive et valorisante. Nous avons prévu de se rendre un soir à une scène ouverte sur Paris où les deux intervenants et d’autres adeptes de Slam se produisent. Les jeunes auront la possibilité de rédiger un texte et monter sur scène s’ils le souhaitent. Là est la question : Oseront-ils ?
Ressentis des jeunes :
« Le slam c’était trop bien, les séances m’ont donné des émotions, trop d’émotions. La tristesse, des frissons, ça libère l’esprit et tout ce que l’on a dans le cœur. Les séances m’ont apporté des connaissances. Les intervenants étaient cool et m’ont donné envie de continuer, de beaucoup écrire mais je n’avais pas d’inspirations pour écrire de bons textes. En faisant du slam, j’ai découvert ce que c’était, j’ai appris de nouvelles choses. » Grâce
« C’était bien, on a appris à mieux connaître les gens du groupe, à se découvrir soi-même. Le fait d’écrire et de lire devant les autres m’a redonné confiance en moi. Depuis, les ateliers slam, j’écris beaucoup. » Loanne
« L’atelier slam m’a permis de libérer et de verbaliser mes pensées, de m’exprimer et c’est quelque chose dont j’avais besoin. Les deux encadrants étaient très sympathiques et chaque séance était très intéressante. J’y participerai à nouveau avec plaisir si l’occasion se présente » Gaëtan
Quelques productions
Le rêve
« Je ne rêve pas sur mon avenir car je n’ai pas d’avenir. Quand je suis mal dans ma peau, j’écoute de la musique, pour me renfermer sur moi-même. Je rêve souvent que j’ai un chien qui me protège. Le chien est blanc, avec les yeux de couleur différente, un œil bleu et l’autre vert. C’est un chien loup » Loanne
« Aujourd’hui, je dois parler de rêves. Rien ne me vient en tête ! Je suis tellement dégoutée par tout ce qui se passe que j’en oublie la signification du mot rêve. Pourtant, j’étais cette fille qui avait des rêves pleins la tête. Je pouvais rêver de ma vie future, d’avoir une grande famille, d’être riche, toutes ces petites choses banales. Aujourd’hui, c’est difficile ! La vie n’est pas facile. Mais merde ! Rendez-moi cette liberté. Cette liberté de vivre ! Je veux retrouver cette envie de croquer la vie à pleine dent. C’est triste à dire mais … Il m’est arrivé tellement de choses difficiles qu’il m’est parfois compliqué de penser positif. Il ne faut pas penser que je suis une femme malheureuse.En posant ces mots, j’ai espoir que tout redevienne comme avant. Et mes rêves reviendront… » Elodie
- « Moi, moi j’ai un rêve Je danse pour m’évader
- Pour qu’on puisse faire une trêve
- Tu hantes mes pensées
- Maman aïe ça fait mal
- Je veux faire de ce monde mon idéal
- Etre riche à côté de centaine de sacs
- Chanel, Hermès, Gucci et Dior
- Pour oublier ma peine
- Eh toi, maman tu me manques très fort
- J’espère que ta disparition en aura valu la peine
- Et que de là où tu es, tu veilles sur moi
- Maman, je t’aime. » Gaëtan
Les origines
« Oh grand-père ! Toi, qui étais là quand je suis née. Toi, qui étais là quand j’ai fait mes premiers pas. Toi, qui me portais pour me parler à l’oreille. Toi, qui me racontais des histoires pour que je dorme la nuit. Oh Toi, grand-père qui est parti trop tôt, pour moi, tu ne m’as pas vu grandir. Grâce à toi, aux souvenirs que j’ai de toi, je suis fière d’être italienne. » Loanne
- « J’ai grandis dans mon quartier de grands pavillon
- Où mes voisins étaient tous des cons.
- Mes origines j’en suis fier,
- C’est mon sentiment d’appartenance à une terre.
- Une terre de feu, une terre de frite et une terre de moi
- L’Italie, la Belgique et la France font partie de moi
- De mon berceau à mon sac MK chéri,
- J’ai forgé mon caractère et construis ma vie
- Oh la la, qu’est-ce que j’en suis fier
- De la personne que je suis, le produit de ma mère
- Oh jolie madame partie trop tôt
- Je fais ce que j’aime pour apaiser mes maux
- Je crie, je pleure, je chante et je danse.
- Je m’offre le luxe sans faire gaffe aux dépenses.
- J’aide et je fais plaisir à mes bons amis.
- Les bonnes notes des devoirs à Grâce que je lui garantie
- Les make up et sorties avec Lou dont on profite
- Mais mon compte bancaire, merci Lou, est en faillite.
- Les délires chelous que j’ai avec Jess pour m’évader
- Les danses avec Grâce qui nous font nous marrer
- Sont pour moi, les meilleures choses qui me permettent d’oublier.
- Je fais tout ça par amour pour ces filles que j’aime tant
- Mais aussi pour faire passer ce putain de long temps.
- Mes origines ne me définissent pas,
- Je prends ce que je veux de chacune de celle-là
- Et me voilà. » Gaëtan